1. Contexte général
Les zones humides sont utilisées depuis des millénaires, preuve en est avec l’installation des premières grandes civilisations du Proche-Orient sur des zones humides : en plaine alluviale du Tigre et de l’Euphrate à Sumer mais aussi en bords du Nil en Égypte. Malgré leur utilité agricole, les zones humides ont longtemps été mal perçues par les populations. Jusqu’au XIXème siècle, ces zones étaient en effet considérées comme des lieux insalubres, hostiles ou encore inexploitables. À ce titre, les hommes ont mobilisé des énergies considérables pour « assainir » ces milieux, la plupart du temps en les asséchant purement et simplement.
En France, 2/3 des zones humides originelles ont été détruites. Au cours du XXème siècle, 2.5 millions d’hectares de zones humides, soit 3 fois la superficie de la Corse, ont disparu. Cette destruction s’est ensuite ralentie grâce à un renforcement des mesures de protection et de gestion sans pour autant s’arrêter complètement, même aujourd’hui.
La convention de Ramsar (1971), précurseur d’une prise de conscience environnementale au niveau international, a ainsi identifié l’importance des zones humides tant pour leur patrimoine naturel, pour l’interconnexion entre l’homme et les milieux aquatiques, que pour les services écosystémiques qu’elles rendent à l’humanité et ce, bien avant le sommet de la Terre à Rio et la Convention sur la diversité biologique (CDB ; 1992).
Aujourd’hui, l’importance des zones humides est reconnue notamment en termes de fonctionnalités. Il a ainsi été mis en évidence que leur préservation coûte 5 fois moins cher que la compensation des services qu’elles nous rendent, d’autant plus qu’il est quasi-impossible de réellement compenser un milieux naturel fonctionnel ayant été détruit !
Les zones humides constituent en effet :
- Un filtre naturel de l’eau contre les pollutions (épuration de l’eau et amélioration de sa qualité) ;
- Un rôle tampon dans le cycle de l’eau et d’atténuation du changement climatique : écrêtement des crues des rivières, soutien des faibles débits d’étiage avec la restitution progressive des eaux stockées, recharge des nappes alluviales voire phréatiques… ;
- Un support à diverses activités humaines :
- l’agriculture grâce à ses ressources naturelles : herbages, pâturages en période de sécheresse, exploitations forestières… ;
- l’éducation à travers des sentiers pédagogiques pour la sensibilisation à la préservation des milieux naturels et de la biodiversité qu’ils abritent… ;
- les activités de loisirs en tant qu’espaces naturels (naturalisme, photographie, randonnées, pêche…) ;
- Une entité paysagère : contribuant ainsi à la qualité et à la diversité des paysages ;
- Un milieu à la biodiversité particulièrement riche : les zones humides abritant une faune et une flore très souvent rares et menacées puisqu’adaptées à leurs caractéristiques si particulières (fort teneur en eau, parfois forte concentration en salinité, etc.).
Dans un contexte très « actuel », de lutte contre le changement climatique, un nouveau service rendu par les zones humides est mis sur le devant de la scène international : celui du stockage du carbone. Une raison supplémentaire ayant poussé le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) à recommander « la non-destruction des écosystèmes à haute valeur carbone comme les tourbières et les marais ».
Cette étude d’inventaire des zones humides et d’élaboration de modalités de gestion sur le bassin Allier aval est cofinancée par l’Union européenne dans le cadre des Fonds Européen de Développement Régional (FEDER) Auvergne-Rhône-Alpes et par l’Agence de l’eau Loire Bretagne.